« La réalisation de cette icône de Sainte Marie-Eugénie a été le point de rencontre d’un désir d’apprendre l’art de l’iconographie, avec Maman pour maître iconographe, et le choix de marquer la date des trois décennies d’enseignement à l’école de l’Assomption à Bordeaux. Cela a donc été le début d’un travail partagé, d’une écriture à quatre mains. J’ai pu mesurer non seulement l’importance de la dimension spirituelle de cet art mais aussi toute la concentration, l’application et la maîtrise nécessaire à ce savoir-faire.
Une icône est une image sainte, sacrée, qui représente un personnage ou une scène de la religion chrétienne (à l’origine orthodoxe).
La représentation de l’école ainsi que l’inscription d’une parole de Sainte Marie-Eugénie symbolisent la mission de la fondatrice.
Écrire une icône se fait selon un déroulement d’étapes qui respectent des codes et des symboles.
Les matériaux sont tous d’origine naturelle et l’on commence avec le support :
Une planche fabriquée en bois de tilleul sur laquelle est posé puis collé avec de la colle de peau de lapin un fin tissu de lin ou de coton.
Sur ce tissu, symbolisant le linceul, est posé le levska (mélange de craie de champagne et de colle de peau de lapin). La pose du levska se fait au rythme patient d’un passage le matin et d’un passage le soir. Il faut compter 9 à 12 passages pour sa réalisation.
Cette opération est suivie d’un ponçage régulier pour obtenir un support très lisse.
Une fois la planche bien préparée, le déroulé des étapes suivantes se fait selon un ordre de préparations et de gestes à respecter. Pour chaque couleur créée, les pigments naturels sont délités par une mixtion (mélange de jaune d’œuf et d’eau).
Le dessin est donc calqué sur la planche, suivi de la pose de l’or sur l’auréole : symboliquement l’or représente Dieu (car Dieu est irreprésentable).
Dieu est posé en premier.
L’ouverture de l’icône consiste à poser la Trinité une première fois.
En passant le sankir (nom de la couleur verdâtre d’un mélange de pigments) pour la carnation du visage et des mains, on pose le personnage (Adama référant à la glaise création de l’homme). Puis vient la pose des choix des couleurs sur toute l’icône ; remplir la surface de couleurs foncées et chaudes symbolise l’humanité. Alors le Christ est posé.
Pour l’étape du premier éclairage sur les visages à l’ocre chaude, c’est l’Esprit Saint qui est posé.
La finition de l’icône permet de poser la Trinité une deuxième fois.
Il s’agit alors de monter les éclairages sur tout, en partant des tons chauds foncés. Ce deuxième éclairage effectué accentue l’aspect du volume sur les surfaces.
La pose du Christ est représentée par des ogivkis (petits traits sur le visage).
A nouveau vient la pose de l’Esprit Saint en utilisant la couleur rouge sur le pourtour de l’icône.
Il reste à nommer l’icône pour terminer sa réalisation.
Le nom de Sainte Marie-Eugénie est calligraphié en rouge : L’inscription consacrant la fidélité de l’icône au prototype.
La dernière étape avant la bénédiction de l’icône, est le passage d’une huile tel un vernis (Olifa) qui protège l’icône.
L’icône est donc une image écrite avec des signes iconographiques lisibles et porteurs de la symbolique commune à toutes les icônes :
• Le centre de l’icône représente le monde incréé,
• Le bord de l’icône notre monde,
• Le pourtour rouge l’Esprit Saint.
Regarder Sainte Marie-Eugénie en icône c’est contempler la présence de Dieu en la personne de la fondatrice des Sœurs de l’Assomption.
Anne Karine GAUTIER
Enseignante dans l’école Assomption Sainte Clotilde à Bordeaux