Je me souviens du craquement du parquet, au grand parloir quand nous le traversions pour recevoir le petit insigne de la
« récompense » des mains de Mère Dominica, je me souviens de l’uniforme, jupe plissée marine et chemisier bleu clair à col rond, je me souviens de l’uniforme de gala, chemisier blanc fermé au cou, ce que nous détestions, je me souviens de notre fascination pour le souterrain et des légendes qui circulaient, je me souviens d’avoir fait la révérence à mes professeurs à chaque entrée en cours, je me souviens d’avoir chanté « Monte, monte Assomption avec joie et courage, Monte, c’est ta mission, ne crains pas les orages » devant la grotte.
Et puis, dans une autre vie, je me souviens d’avoir mis à la porte une petite coquine qui avait eu un fou rire, je me souviens de l’arrivée des premiers garçons et de l’émoi qu’elle avait suscité, je me souviens de nos fou-rires en salle des profs, je me souviens de nos cris de supporters en folie sous une pluie diluvienne le jour de la canonisation de Sainte Marie Eugénie, je me souviens de notre silence, à côté de nos élèves, dans la cour, après les attentats, je ne me souviens pas de mon départ car on ne quitte jamais Lübeck.
Et en résumé !
Ancienne élève devenue enseignante à l’Assomption Lübeck, Anne Catherine garde des souvenirs marquants de son parcours : l’uniforme, les révérences, les chants, et les moments de joie comme de
recueillement.
Elle se rappelle l’émotion de l’arrivée des premiers garçons et les moments de solidarité après les attentats. Pour elle, on ne quitte jamais vraiment Lübeck.
Et en résumé !
Après avoir passé six années à l’Assomption Bordeaux, où il s’est investi dans diverses activités et a appris des valeurs essentielles, Amaury est parti aux Philippines en tant qu’AMA.
Cette expérience l’a profondément enrichi. Aujourd’hui, il vit à Paris et travaille comme directeur de magasin junior chez Fendi, groupe LVMH, reconnaissant l’impact de l’Assomption sur son développement personnel et professionnel.
FORMATION
Les Sœurs sont donc toujours là : Anna, Laure… qui ne vont pas tarder à me mobiliser sur un mandat bénévole d’administrateur. Dans ce cadre, lors d’une formation d’administrateur à Auteuil, Sr Véronique qui anime la formation m’étonne et me donne une clef fondamentale pour comprendre les sources de mon développement en nous exposant l’anthropologie et le rapport à l’humain chez la fondatrice de la congrégation, suivi par un remarquable exposé de Sr Claire Myriam sur la question environnementale dans la pensée de l’écologie chez Mère Marie-Eugénie (MME sur les slides !). Ce fut une révélation : il y avait bien eu un projet éducatif voulu par mes parents, réalisé par l’école, dans leur choix de me maintenir à Bellevue et ma volonté intraitable d’y rester (j’y accompagnais Laurence, mon ainée, comme petit écolier mais j’étais sensé suivre mes frères aux Chartreux dès le collège) avec mes potes Vincent, François et Olivier. Ce projet, je venais d’y mettre des mots pour le comprendre clairement, explicitement.
On ne parlais plus – ou pas encore – de MME dans les années 70 et 80. Comme élève, l’objectif éducatif affiché ou non n’est pas un fil rouge éclairant mais est plutôt vécu comme une suite de contraintes qui passe par la confrontation avec les autres (les profs, les surveillants).
30 ANS APRÈS
Développer l’intelligence dans la liberté, vivre avec son temps, simplicité des relations, développer sa grâce particulière, ces mots du projet apostolique maintenant clairement formulés et que je découvre après 30 ans correspondent exactement avec mon souvenir, mon ressenti dans ces années à l’Assomption. Je cite : « L’Assomption reconnaît dans toute personne une liberté qui laisse à chacun sa forme particulière, le caractère de sa grâce. » ; former une personne « appelée à transformer la société, en exerçant ses responsabilités avec audace et humilité » ; « Former des caractères trempés, avec une attention particulière pour la droiture, la franchise, la loyauté, l’honneur, la générosité, le dévouement… » Cette liberté et cette authenticité dans le présent, je les ai bien vécues à Bellevue. Vertus vécues, parfois inutiles souvent oubliés -et d’autres qualités auraient été bien utiles pour affronter l’expérience de la vie, mais somme toute, ces années d’apprentissage
enfouies et déterrées par l’écriture de ce témoignage sont bien le fondement
de ce que je suis devenu. Ou ce vécu reste-il un mystère de l’incarnation qui habite
l’assomption ?