Le chantier d’insertion d’Assomption Mont-Blanc : une vraie construction de la transformation !

Interview Amandine GAILLARD par Sr Anne-Flore CHOCARNE, Religieuse de l’Assomption

L’Assomption Mont-Blanc fait parti du réseau Assomption France qui regroupe plusieurs établissements scolaires catholiques, animés par les valeurs de la congrégation des Sœurs de l’Assomption. Le projet éducatif de l’Assomption Mont-Blanc accompagne ainsi chaque élève dans son parcours personnel et spirituel, fidèle à la tradition et aux valeurs de l’Assomption

Pouvez-vous nous présenter ce projet ambitieux ?

C’est une structure portée par l’établissement scolaire Assomption, sous tutelle des Religieuses de l’Assomption. Le chantier d’insertion est agréé par l’Etat, pour la réinsertion par le travail des salariés en difficultés. Nous accueillons des personnes demandeurs d’emploi, par exemple en raison de leur âge, de leur niveau d’étude, des minima sociaux ou encore de leur handicap. Notre but est de leur offrir de rebondir et de retrouver un emploi stable avec des acquis au niveau du savoir-faire et du savoir-être.

Comment se passe le chantier d’insertion ?

Les 10 postes sont répartis sur l’administratif, la restauration et le ménage, avec l’entretien des bâtiments et des chambres de notre Centre d’Accueil Assomption sur nos sites de Combloux et de Saint-Gervais. Nos chefs de service ont chacun une partie de leur temps dédié à l’encadrement technique pour expliquer vraiment le côté professionnel et technique du poste. J’assure la partie d’accompagnement social et professionnel, gérant avec eux tout ce qui est périphérique à l’emploi : la mobilité, l’administratif, le financier, le judiciaire, l’organisation des modes de garde des enfants, etc.

Pouvez-vous nous raconter une expérience réussie ?

Laura, maman de 27 ans avec 2 enfants en bas âge, est arrivée sur le chantier au mois de juillet, accompagnée par une association pour le retour à l’emploi, elle n’avait jamais travaillé. Laura a pourtant un titre professionnel d’agent de restauration. Nous avons travaillé sur la mise en place d’un moyen de garde de ses enfants après l’école, sur des activités périscolaires, l’accès à la cantine, etc. Nous l’avons accompagnée sur la mobilité, car Laura, avec ses difficultés cognitives non reconnues, n’arrivait pas à passer le permis. Pendant à peu près un an, nous l’avons suivie dans la gestion du stress, de ses horaires et absences… La 2ème année, on s’est concentré sur le projet professionnel, travail sur le CV et la communication pour apprendre à proposer ses qualités.  Au mois de d’avril suivant, elle a commencé d’elle-même à rechercher du travail. Elle a obtenu un entretien d’embauche et a décroché un CDI. Nous avons donc immédiatement mis une suspension à son contrat au chantier d’insertion pendant la période d’essai du CDI, ceci pour garder des barrières de sécurité. Depuis plus d’un an, elle travaille en agent de restauration sur Sallanches, réglant en même temps son problème de mobilité car elle peut tout faire à pied. C’est magnifique ! 

En quoi ce projet répond activement à nos valeurs Assomption ?

Avec le savoir-faire, nous sommes pleinement dans le projet d’agrandir l’intelligence ! J’aime dire qu’on sème des petites graines qui poussent et qui à la sortie du chantier d’insertion fleurissent. Nous sommes aussi dans cette image avec le savoir-être.  C’est un projet qui œuvre à la transformation des personnes, au dépassement de soi et de ses propres limites. N’est-ce pas le projet Assomption que de s’engager à la transformation sociale ? Le chantier d’insertion le permet, même si on ne mesure pas les résultats dans l’immédiat.

Le chantier d’insertion nous permet d’avoir du lien avec le territoire, de faire connaître les établissements autrement que juste scolairement. Nous sommes en lien avec Pôle Emploi essentiellement, avec les missions locales et toutes les associations de suivi de personnes. Ces liens sont aussi mis à profit pour nos élèves qui sortent de nos formations service à la personne pour proposer leurs CV, faire des demandes de stage, effectuer des recherches d’emploi, etc.

Combien de temps, en moyenne, dure ce travail d’accompagnement ?

Sur les 10 postes agréés par l’Etat, il y a, en général, une vingtaine de personnes qui passent chaque année. Il y a des personnes qui restent le minimum : elles ne donnent pas suite à la période d’essai des 15 jours, pour des difficultés qui leur appartiennent. On donne la chance à tout le monde ! On effectue un travail conséquent pour pouvoir mixer les profils dans la même équipe et que les personnes se tirent vers le haut plutôt que vers le bas, par exemple au niveau des addictions.

Les contrats sont de 4 mois, 6 mois et 8 mois pour faire les 24 mois autorisés. La moyenne, c’est un an et demi au bout duquel ils partent avec un travail ! Le but est bien l’autonomie et pas l’assistanat. Je dis toujours que je suis comme un filet de sécurité : si la personne le demande ou si l’entreprise me contacte, je m’adapte. 

Le chantier d’insertion reçoit une prise en charge par l’Etat qui couvrent les 9/10ème des salaires pour les salariés en insertion et des subventions sur les salaires des 4 personnes qui accompagnent et assurent l’encadrement technique. Notre Association de Gestion complète les salaires.

Merci Amandine, avez-vous un mot de conclusion à nous offrir ?

Une vigilance et un appel ! Les salariés du chantier d’insertion ne sont pas de la main d’œuvre pas cher ! En effet, nous devons sans cesse rester vigilant au nombre de personnes en insertion par rapport aux salariés permanents, afin d’avoir les ressources nécessaires d’accompagnement, de ne pas démobiliser les uns ou les autres, et de toujours leur permettre de partir lorsqu’ils décrochent un emploi fixe. C’est un subtil équilibre à garder et à toujours mettre en lien avec le Projet Educatif et Apostolique des Religieuses de l’Assomption : « Permettre à chacun, quel qu’il soit, de donner le meilleur de lui-même et d’élargir son intelligence en coordonnant toutes les choses apprises. »